Quelques heures après l’historique victoire de l’équipe de France en Ligue Mondiale, Laurent Tillie et ses joueurs étaient déjà à l’aéroport de Rio de Janeiro où les attendait leur avion pour la France (arrivée prévue lundi à 11h35 à Roissy). Avant d’embarquer, le sélectionneur nous a confié son immense bonheur d’avoir marqué l’histoire du volley français.
Comment avez-vous vécu cette finale face à la Serbie ?
L’équipe a joué avec une grande sérénité, une grande maîtrise. Dès la demi-finale face aux Polonais gagnée samedi, les joueurs sont restés très calmes dans le vestiaire, on sentait déjà qu’ils étaient dans la finale. Et sur la finale, il y a eu une concentration énorme, les joueurs ont été très appliqués sur le plan de jeu qui a fonctionné parfaitement, ils ont suivi à la lettre les consignes de service, de block et de défense, le match a été maîtrisé de bout en bout. C’est un match qui clôt un conte de fées, nous avons réussi un véritable exploit.
Lorsque vous avez attaqué la préparation fin avril, imaginiez-vous une telle issue dans vos rêves les plus fous ?
Nous y pensions, nous avons travaillé pour cela, mais il y a une grande différence entre y penser et le faire ! En attaquant cette saison, nous nous nous disions qu’en ayant terminé quatrièmes au dernier Championnat du monde, nous avions un devoir de justifier cette place, de montrer qu’elle n’était pas venue par hasard. Nous restions sur les frustrations de la demi-finale perdue contre le Brésil, du match pour la troisième place également perdu, de notre défaite en Australie lors du Final Four de la World League, nous avons su utiliser cette frustration pour la transformer en motivation, les joueurs se sont engagés physiquement, mentalement et intellectuellement dans cette démarche, c’est énorme.
Lors de ce Final Six, vous avez connu un match plus difficile contre les Etats-Unis, votre seule défaite de la compétition, comment avez-vous rebondi après cette rencontre ?
Il a fallu utiliser ce match de façon positive car il nous a tout de même permis de nous qualifier pour la demi-finale, ce qui n’était pas arrivé depuis très longtemps. Il fallait aussi s’en servir pour rebondir, comprendre ce qui n’avait pas marché, nous avons réussi à réajuster deux-trois consignes simples sur notre jeu. Il faut toujours rester dans une démarche de progression, dans l’envie de rebondir, c’est un peu l’idée forte que nous essayons de faire passer à cette équipe.
Au bord de la défaite 3-0 et donc de l’élimination, vos joueurs ont finalement remporté ce troisième set face aux Etats-Unis, qui leur a permis de se qualifier pour les demi-finales, où sont-ils allés chercher ces ressources ?
Ils y ont toujours cru, sur chaque rotation, ils ont fait le point, l’entrée de Franck Lafitte a également fait beaucoup de bien, nous avons réussi à rester dans le match et à nous battre sur tous les points sans penser à la défaite et à ses conséquences.
Les joueurs vous ont-ils étonné pendant ce Final Six ?
Vous savez, nous, le staff, nous tirons aussi notre force de cette équipe : les joueurs y croient tellement que ça nous donne envie de les pousser à y croire, c’est un moteur qui s’auto-entretient.
"Un sentiment de satisfaction, de plénitude et de fierté"
On vous sent un peu sonné par cet exploit, quel sentiment vous anime ?
Nous sommes tous KO, dans le bar de l’aéroport où il n’y a personne... Mais c’est normal, avec le staff, nous avons beaucoup crié, donné les consignes avant la délivrance finale. Il y a vraiment un sentiment de satisfaction, de plénitude et de fierté pour cette équipe, pour les générations précédentes, pour tous les gens qui ont cette passion pour le volley, qui n’osaient pas parler de volley parce qu’il n’y avait jamais eu de titre. Là, on peut dire que nous sommes fiers de l’équipe de France, fiers de pratiquer ce sport-là, fiers de ses valeurs, fiers d’être les meilleurs sur une compétition, ça fait vraiment un bien immense.
Cette victoire historique a beaucoup de retentissement en France ce dimanche soir, est-ce gratifiant pour les joueurs ?
Nous sommes loin, donc nous ne mesurons pas, mais tant mieux si l’on parle de nous. Il faut voir que cette victoire s’inscrit dans un chemin de croix qui a commencé en 2013, avec la cinquième place au Championnat d’Europe, puis 2014 avec la Wolrd League et le Championnat du monde, et cette année pendant laquelle nous continuons à avancer… Dès le début, nous avons annoncé que nous voulions aller aux Jeux Olympiques, nous battre pour des podiums, nous avons montré notre ambition, cela pouvait paraître présomptueux, mais nous avons énormément travaillé pour cela, et pour une fois, nous réussissons. On en profite parce que ce ne sera pas toujours comme ça !
Si vous deviez isoler deux moments clés de ce parcours en Ligue Mondiale…
Je dirais le fait d’avoir gagné le Final Four à Varna contre la Bulgarie où on fait un gros match et le match que nous perdons contre les Américains. Parce que nous n’étions pas bien, nous n’avons pas très bien joué, avec du stress, de la fatigue, mais nous avons réussi par miracle à gagner le set qu’il fallait et qui nous a permis de passer. Cela nous a ensuite donné une grande sérénité et décuplé notre combativité.
Earvin Ngapeth MVP, c’est mérité ?
C’est largement mérité, je regrette qu’il ne l’ait pas eu au Championnat du monde 2014, parce qu’il le méritait déjà à ce moment-là.
Il est le seul Français dans l’équipe-type de ce Final Six avec Benjamin Toniutti, d’autres auraient pu y figurer…
Oui, c’est vrai, mais c’est le jeu… Nous sommes avant tout contents d’avoir gagné la World League, mais vu comment l’équipe de France a dominé son sujet en finale, elle méritait largement d’avoir ses sept joueurs MVP !
La suite du programme ?
En gagnant la World League, les joueurs ont gagné deux jours de repos en plus, ils ont de la chance (Grand rire) ! Au lieu de trois semaines, ils ont trois semaines et deux jours ! Plus sérieusement, il y a un Championnat d’Europe en octobre avec un statut de vainqueur de la Ligue Mondiale à défendre. Nous savons que la concurrence sera grande, surtout que certaines équipes nationales vont récupérer des joueurs naturalisés qui renforceront leurs effectifs. Nous sommes satisfaits d’avoir gagné, mais nous allons essayer de ne pas nous endormir sur nos lauriers. Nous ne nous leurrons pas là-dessus, nous savons que ce sera compliqué pour ce Championnat d’Europe et après, pour le tournoi de qualification olympique.
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